1 –Education du chiot

1.1-Initiation précoce   1.2-Le premier exercice de rapport    

11 - Initiation précoce.

 A l'époque du sevrage, et dans les semaines qui suivent, je laisse les chiots gambader sur la pelouse, volontairement j'y laisse traîner une balle de tennis. Au départ ils ne s'y intéressent pas. De temps en temps je teste en faisant rouler la balle devant l'un ou l'autre, pas loin, un mètre ou deux au plus, car ils ne voient pas plus loin. Un jour l'intérêt se manifeste et l'un des chiots arrive à s'en saisir, l'attrait de la balle ira croissant jusqu'à la lutte fratricide pour sa possession. En fait tout objet ludique pourrait faire l'affaire, l'objectif étant d'habituer le chiot à appréhender divers objets, pourquoi pas un os de bœuf bien agréable par exemple. Par la suite je n'utilise jamais de balle de tennis pour les exercices.

12 - Le premier exercice de rapport.

J'ai découvert un apportable idéal pour ce premier exercice. C'est un gant de jardin en cuir que j'utilise à cette fin et qui me sert aussi à préparer les pâtées, quand il y a des restes de viandes ou autres à trier. Ce gant a l'avantage d'être léger, d'un volume adapté au chiot, d'être attrayant par l'odeur, du cuir, du maître qui l'a porté, de la pâtée qu'il a permis de préparer.

Je commence par exciter un peu le chiot en agitant le gant pour qu'il s'y intéresse. Habituellement il vient renifler et va chercher à s'en saisir. Si ce n'est pas le cas on arrête là, ce n'est pas le jour. Par contre si le chiot positive, je lance le gant à trois ou quatre mètres, au ras du sol, en faisant en sorte qu'il voit bien le lancé. Là aussi, habituellement, le chiot va au gant et s'en saisi. La suite se décline en diverses versions, qu'il va falloir gérer sans erreur, car cet exercice initial doit se terminer d'une manière positive.

Dès que le chiot a saisi le gant en gueule, j'ordonne 'Viens' (cf. dressage). Il se trouve que de bons élèves obéissent du premier coup.

Un autre plus hardi, dès qu'il a le gant cherche à s'enfuir. Où voulez-vous qu'il aille ? Vers le parc et sa niche bien sur. Mais comme vous avez prévu cette réaction possible vous êtes à proximité de sa ligne de fuite, pour le récupérer au passage, le caresser et le flatter aussi.

Au besoin une corde de contrôle permet d'assurer une exécution correcte de l'exercice. Malgré ce cordeau il faut laisser la plus grande initiative au chiot. Si nécessaire, pour un chiot qui reste mâchouiller par exemple, une traction sur le cordeau avec l'ordre 'Viens' va faire rentrer les choses dans l'ordre. Dans tous les cas le cordeau vous donne le contrôle de la situation.

Après quelques exercices accompagnés de récompenses parcimonieuses, dès que le chiot revient vers moi à l'ordre 'Viens', avec assurance et une bonne prise en gueule bien assurée, je lui commande 'Attends'. Le chiot doit prendre la position, et beaucoup le font, avec son gant dans la gueule, et là vous introduisez un nouvel ordre 'Donnes'.

Si vous habituez le chiot à une récompense dès qu'il arrive à vous il prendra lui l'habitude de cracher son apportable rapidement pour accélérer le mouvement, donc à éviter. Pour habituer le chien à garder l'apportable, il faut si besoin lui soutenir légèrement le dessous de la gueule en répétant 'Attends'.

Je répète l'exercice ci-dessus, tous les jours si possible, pendant une bonne semaine avec une progression dans la distance et dans le bon enchaînement des ordres. Quand le rapport correct au maître, d'un gant lancé sur la pelouse à dix mètres, est exécuté avec entrain comme décrit ci-dessus, il est quasiment sur que la suite du rapport se passera sans problème.

Cette phase d'initiation doit se poursuivre par l'exécution répétée d'exercices avec des apportables variés, mais de poids et de volume cohérents avec l'âge du chiot. Il ne faut pas le rebuter, mais au contraire l'encourager en le flattant.

Vous noterez que l'ordre 'Apportes' n'a pas été utilisé pendant cette phase d'éducation, mais seulement les ordres : 'Viens', 'Attends', 'Donnes'.

Rosko à l'arret

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2 - De l'éducation au débourrage.

Cette deuxième période d'apprentissage du rapport commence quand le 'Down' est bien exécuté.

Dans un premier temps le jeune chien étant au cordeau, je le place au down et je lance l'apportable. J'utilise un boudin en toile de jean's rempli de mousse synthétique habituellement. La réaction de l'élève est de s'élancer. Je le retiens par le cordeau et lui commande le 'Down'. Dès que j'ai obtenu satisfaction je libère très vite pour bénéficier de sa motivation pour sa proie, je contrôle la suite au cordeau.
Il faut répéter les exercices de lancer et obtenir qu'il accepte de partir à l'ordre, qui est 'une tape sur la tête' qui ne sera plus accompagnée de 'Allez' mais de 'Apportes', et dès qu'il a saisi la chose 'Viens'.

L'étape suivante consiste à ne plus lancer l'apportable. Le chien au down, son dressage permet de s'éloigner de lui sans qu'il bouge. Alors je vais poser l'apportable sur la pelouse à huit mètres par exemple. Retour au chien, tape, 'Apportes', Viens', 'Attends', 'Donnes'. Le travail consiste à répéter pour obtenir une bonne exécution de la séquence précédente.
Après quelques séances il est possible de faire précéder le 'Apportes' d'un coup de feu bien dissocié. Ceci se retrouvera ailleurs.

Pour favoriser un rapport rapide, dès que le chien a l'apportable en gueule, et que j'ai donné l'ordre 'Viens', je tourne le dos au chien et je m'éloigne rapidement en répétant 'Viens', et il va venir de plus en plus vite.

La suite va consister à varier la nature des apportables et les conditions de rapport. Je vous laisse le soin d'imaginer diverses situations comme par exemple d'aller cacher un apportable, ou deux, hors de la vue du chien, derrière un talus, un pignon de bâtiment, que sais-je ? Il suffit d'avoir des exercices qui accompagnent les progrès de l'élève.

Le cordeau permanent offre une bonne sécurité dans la conduite des exercices précédents. Le maître est sécurisé et le chien se sent sous contrôle.

3 - Le rapport du gibier.

Quand je veux bien faire les choses, j'utilise des cailles, puis des pigeons, pour la suite du dressage au rapport. Voici un exercice qui favorise la vivacité et la bonne prise en gueule de la pièce de gibier. Je place un pigeon endormi sur la pelouse et je commande le rapport. Souvent un débutant va retourner l'oiseau du bout du museau et le réveiller. Bien sur sa proie lui échappe et s'envole… de suite je propose un deuxième essai, habituellement le comportement est radicalement différent, et il ne se fait pas pigeonner cette fois.
Surtout ne pratiquez pas cet exercice avec un chien d'âge qui a déjà rapporté à la chasse. Beaucoup ont tendance à tuer le pigeon avant de vous le rapporter.

Plus souvent la concrétisation de l'apprentissage se fait à la chasse. Avec la préparation précédente, au premier faisan tombé le chiot se précipite comme un mort de faim sur sa proie. Lors des premiers rapports il faut éviter la concurrence avec un autre chien plus âgé.

Il arrive parfois que la passion aidant le chien ne veuille pas obéir à l'ordre 'Donnes'. La technique connue qui consiste à enfoncer la pièce de gibier au fond de la gueule du chien est très efficace, dès la deuxième fois il lâche la pièce très vite.

Sur le gibier

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4 - Adaptation à l'eau.

Il y a quelques années j'avais une chienne pointer, Fly, qui rapportait admirablement et gagnait beaucoup de concours de rapport. Parfois un challenge récompensait le meilleur résultat d'un rapport combiné, terre et eau. Fly ne rapportait pas à l'eau. Je me suis lancé le défi d'y parvenir, alors que la chienne avait déjà plus de deux ans. Comme j'y suis arrivé je peux vous garantir que la méthode, appliquée à de jeunes sujets, donne les résultats attendus. Il faudra plus ou moins de temps selon que le chien est familier avec l'eau, mais ceci est un problème d'accoutumance à un environnement, et non un problème de rapport.

Pour un chien qui a reçu l'éducation décrite plus haut, je procède de la manière suivante. Je vais à la plage par beau temps et mer calme. Je vais commencer par faire exécuter un exercice de rapport classique en posant l'apportable tout près de l'eau, puis un deuxième exercice avec l'apportable, rempli de mousse synthétique ! dans dix centimètres d'eau et voilà ! Quand le chien a rapporté dans cette situation il suffit de progresser à son allure, sans brûler les étapes. Le passage à la nage va perturber un peu la progression selon l'accoutumance du chien. Il va sans dire qu'il est souhaitable de commencer ces exercices pendant les belles journées d'été.
Au bout du compte le chien en position 'Attends' je lance l'apportable aussi loin que possible, je tire un coup de feu puis après quelques secondes je commande 'Apportes'.

Si la méthode donne de bons résultats avec tous les élèves, je remarque qu'il y a des chiens qui ont, plus que d'autres, des dispositions pour le rapport à l'eau.

La fleche

5 - Le rapport forcé.

Pour ce qui me concerne je ne suis pas un inconditionnel du rapport forcé. Le rapport naturel canalisé tel que présenté ici me suffit. C'est vrai que dans une compétition, de rater un classement pour le refus d'un rapport de gibier froid, fait râler pour les milliers de kilomètres parcourus en vain, pour une négligence de dressage. La méthode est connue, elle demande beaucoup de travail, de persévérance, de ténacité, mais çà marche et c'est cette certitude de résultat qui permet de conduire le dressage à son terme.
Il y a aussi un côté un peu fanfaron, un peu cirque, à faire rapporter un trousseau de clés, une botte, une bouteille etc…

6 - Fin de rapport.

En chasse pratique l'expérience sur le terrain fait faire des progrès considérables et j'ai vu des rapports exceptionnels de bécasses tombées dans des ronciers très denses ou autres baliveaux brisés. J'ai remarqué que plus le rapport était difficile, plus le chien était content, tout comme moi.
J'ai vu Foule se mettre à l'eau spontanément et traverser la Flèche, petite rivière de quatre à cinq mètres de large qui coule à deux champs de chez moi, pour aller chercher un faisan tombé dans le marais sur l'autre rive, et revenir toute fière avec sa prise. J'ai bien d'autres rapports mémorables en tête, et j'ai la certitude que la préparation à cet exercice, contribue à la qualité du rapport de notre compagnon.
Je n'ai jamais constaté que l'exécution d'exercices de rapports perturbait le comportement de mes chiens de printemps.
Il se peut, si les choses se passent selon mes vœux ce printemps, que vers octobre je me dirige à nouveau vers les Landes, du côté d'Herm cette fois.

La fleche

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